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LA VIORNE

En avril dernier nous avons participé à une réunion de l'association cohab'titude au sein de La Viorne, projet d'habitat participatif du début des années 80. Nous avons ainsi été reçus par les habitants et plus particulièrement par Cécile, militante issue du Mouvement pour l'Habitat Groupé Autogéré (1977) et co-présidente d'Eco Habitat Groupé...

 

UN PEU D'HISTOIRE

La Viorne est un des projets d'habitat participatif les plus anciens de la région. Il s'est mis en place à la fin des années 70, une époque charnière dans l'histoire de l'habitat participatif et sur laquelle il est sans doute bon de revenir.

 

Dans le sillon de l’innovation sociale post 68, de nombreuses expérimentations naissent un peu partout en France au croisement de l’urbanisme, de l’architecture et de l’habitat. Les villes nouvelles telles Villefontaine sont de véritables terreaux d’innovations ; de jeunes architectes se mobilisent pour la création d’un nouveau rapport à l’habitant, où l’échange et la décision tiennent un rôle central ; des militants créent des espaces de discussion autour de nouveaux modes d’habiter. Bientôt, l’association « Mouvement pour l’Habitat Groupé Autogéré », pilier de l’habitat partagé, est créée à Nantes. Il existe alors deux conditions qui définissent un habitat groupé autogéré : le promoteur doit être le groupe d’habitants et le projet doit inclure des locaux partagés (cuisine, buanderie, salle de jeux etc.). Les groupes assument une part très importante de leur projet, y compris la conception, la promotion, la gestion etc. et réalisent leur habitat en faisant appel à un minimum de professionnels.

En Rhône-Alpes, plusieurs projets ont été créés à cette époque et sont toujours actifs à l’heure actuelle, tels que Le Saule, Hélix, Les Naïfs, Les 7 Roches, Le PasSage en Isère et Les Mûriers ou encore la Viorne...

 

BIENVENUE A VILL...NON, BIENVENUE A LA VIORNE!

Nous sommes arrivés à Villefontaine depuis Lyon par l'autoroute, puis jusqu'au point de rendez-vous sans jamais voir le centre-ville. A l’instar de beaucoup de villes moyennes, Villefontaine présente un urbanisme opportuniste, concentré autour des axes de circulation, mais qui a su conserver de grands espaces naturels.

Le contraste est tout à fait saisissant lorsque l'on découvre la Viorne. En effet, le projet se trouve dans les hauteurs de Villefontaine, lové entre les arbres et quasiment imperceptible depuis l'extérieur.

Après nous être garés un peu plus loin, nous avons marché jusqu'à la Viorne au travers de petits sentiers dérobés, en perdant presque notre chemin dans cet immense parc habité.

Le bâtiment est pensé comme deux rangées de maisons accolées, superposées l'une sur l'autre de façon à ce que chacune ait accès soit à un jardin en pleine terre soit à une terrasse. Le jeu avec la pente permet à toutes les habitations d‘être orientées vers l’ouest et accessibles par l’est.

 L’idée de partage est omniprésente, puisque les jardins communiquent les uns avec les autres sans barrière ni délimitation. De même, une grande terrasse collective au premier niveau, ainsi qu’une salle commune constituent le centre névralgique de la Viorne et permettent une respiration et une ouverture sur le paysage depuis laquelle on peut accéder à tous les logements. C'est ici que nous avons fait la connaissance des habitants et découvert l'histoire du projet...

 

DE LA DISCUSSION A LA CONSTRUCTION...

Ce projet, qui existe depuis 30 ans maintenant, est né d’une amitié entre plusieurs familles (13 couples et 17 enfants) habitant le même immeuble. Au milieu des années 70, l’idée de vivre ensemble et de partager davantage est discutée, soupesée, triturée et débattue jusqu’à l’écriture d’une charte commune définissant des principes d’autogestion et de fonctionnement du lieu à venir.

Le groupe va alors contacter plusieurs bailleurs sociaux, jusqu’à convaincre la société d’HLM de la ville nouvelle de Voiron de participer à l’aventure. L’élaboration du projet, la conception architecturale mouvementée et les travaux vont durer une dizaine d’années jusqu’à l’emménagement en 1985. Les habitants sont alors locataires du bailleur social et partagent des caves, un laboratoire photo, un garage à vélo et une salle pour les enfants. Au cours des années 90, les relations se tendent entre le bailleur et les habitants, ceux-ci souhaitant acheter leurs logements. Devant le refus de la société HLM, un groupe d’habitants part fonder une copropriété ailleurs, ce qui déstabilise dans un premier temps le projet. Par la suite, le bailleur accepte la vente des appartements et une copropriété classique est créée en 2001. Deux appartements appartiennent toujours au secteur social. De nouveaux arrivants ont entrainé de nouvelles discussions, de nouveaux besoins et les locaux communs ont évolué avec le temps.

 

COMMENT PRESERVER L'HARMONIE?

Pour Cécile, qui a participé à la création de La Viorne et est actuellement co-présidente d’Eco Habitat Groupé, la réussite de ce projet provient de sa souplesse, du naturel avec lequel les relations se créent et s’harmonisent. L’organisation existante (des réunions qui se font à la demande, des moments de travail collectif etc.) repose entièrement sur la confiance et la bienveillance des uns envers les autres. L’arrivée de nouveaux venus dans un groupe soudé par ce type de relations est un moment délicat, qui a toujours été géré par un accueil chaleureux et une gestion des conflits de personne à personne.

Cet habitat groupé, qui était notre première visite (!) nous a beaucoup impressionné par la générosité de l’accueil, par la sensation d’ouverture et d’harmonie du lieu. Lors de cette journée, l’association Ecohabitat Groupé a de plus organisé quelques tables rondes autour de questions prégnantes dans le champ de l’habitat participatif. Nous avons alors pu voir à quel point les conceptions de ce mode de vie diffèrent et quels sont les points (très) sensibles. La question des valeurs et de l’entre-soi est le principal contre-argument utilisé par les détracteurs de l’habitat participatif. En effet, quand un logement se libère dans un habitat groupé, les nouveaux-venus sont acceptés dans le groupe en fonction de leur adhésion à la charte du projet. Le vivre-ensemble prend alors un sens différent. La seconde interrogation concerne l’habitat social : un bailleur attribue un logement à un foyer en fonction de ses ressources et non en fonction de sa façon de voir le monde ou sa volonté de partager avec ses voisins. Comment alors intégrer le logement social dans l’habitat groupé sans créer de catégories ni de discrimination ? Et enfin, l’épineuse question juridique sur les formes à adopter (coopératives, copropriété, etc.) est un sujet de discussion inépuisable… (et plutôt obscur pour les non-initiés). 

Cette première entrée dans le monde de l'habitat participatif nous a donné à voir sa richesse, sa complexité, les interrogations qui le traversent à l'heure actuelle et qui guideront notre étude.

TYPE : Habitat groupé

LIEU : Villefontaine (38090)

ANNEE : 1979-1985

LOGEMENTS : 13

À PROPOS

Petits Ensembles c'est un voyage pendant 1 an en stop, à la rencontre d'autres manières d'habiter, en Europe et en Asie. 

Vous trouverez ici au jour le jour le récit de notre périple et le résultat de nos réflexions.

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